Fait partie d'un numéro thématique : Kingship, Ritual, and Narrative in Tibet and the Surrounding Cultural Area / Royauté, rituel et narration au Tibet et dans l'aire culturelle alentour.
關鍵詞
Karma commun; l’échange; Ganden Podrang; Dalai Lama; gouvernement; habileté politique
摘要
Le concept de karma commun ou partagé reste un aspect largement inexploré dans les études bouddhiques. Toutefois, cette notion a un impact sur les valeurs tibétaines d’offrande, d’échange et sur le concept de moralité dans l’acte de gouverner. Les écrivains religieux tibétains ont généralement affirmé l’organisation articulée et, par extension « trans-personnelle », des actions morales et donc des conséquences karmiques. Ces liens « transpersonnels » sont générés par des relations de responsabilité, d’héritage commun et d’échange hiérarchique. Dans la sphère religieuse, une ambivalence morale envers l’offrande, l’échange et les parrainages de la part des bouddhistes vertueux est apparue. En effet, l’acceptation de cadeaux et d’offrandes est alors vue comme apportant certains rapprochements moraux qui sont considérés comme antithétiques à la pureté spirituelle. En ce qui concerne le gouvernement, cette logique était appliquée de façon proportionnelle aux responsabilités des souverains en tant que propriétaires de terre et en tant que destinataires des territoires conquis. De la sorte, les souverains et les institutions étatiques sont présentés comme étant au centre d’une « mer de karma » qui les relie au bien-être de leurs sujets. Dans le sillage de 1642, cette conception gêna la fondation de l’état du Ganden Podrang des Dalai Lama, qui devenaient à la fois souverains et maîtres spirituels. Cet article identifie trois méthodes principales par lesquelles la pureté spirituelle des Dalai Lamas en tant que souverains fut maintenue comme principe du pouvoir légitime : premièrement, la séparation entre l’état et le souverain ; deuxièmement, la protection rituelle du souverain des impuretés nécessaires liées aux actions séculières, en particulier à la guerre ; troisièmement, l’érection apotropaïque des temples (par exemple le Palais Blanc du Potala) afin de bloquer les conséquences karmiques de la guerre. Dans le cadre de la philosophie politique tibétaine, l’état bouddhique était donc loin d’être dépourvu de complexité : ces problèmes concernaient la question de l’agencement moral et de la pureté du souverain, mais étaient résolus dans des termes pratiques rituels plutôt qu’idéologiques.
目次
Introduction 189 Karma and Moral Action 191 The Merit of Others 193 Institutional Karma and Its Expiation 195 The Perils of Exchange 198 The Karma of Kings and States 200 Conclusion 208