Un mandarin, nous explique Michel Strickmann, était à l'origine un "mantrin", conseiller du roi et possesseur de puissants mantras, et les monarques étaient, par excellence, les commanditaires des rituels bouddhiques et tantriques. Mantras et mandarins est le second volet d'une oeuvre de recherche de plus de trente ans, qui a débuté avec l'étude du taoïsme millénariste chinois, pour se poursuivre avec celle de la médecine magique, de la poésie et des traditions prophétiques en Chine ancienne. L'auteur s'attache ici à recréer les formes les plus ésotériques du bouddhisme à travers la lecture de ses traditions vivantes au Japon, en en retraçant le cheminement historique, littéraire, rituel et iconographique dans la Chine médiévale, depuis sa transmission indienne à partir de textes apocryphes. L'ouvrage est tout entier construit autour de l'idée qu'un même schéma rituel d'origine indienne, composé de procédures distinctes (mantra, mudra, visualisations), parcourt l'aire de diffusion du tantrisme en Asie ; ce phénomène tantrique a servi à la culture indienne à se diffuser, à partir des couches les plus hautes de la société. Dans cette synthèse, qui s'appuie sur une immense érudition autant que sur une méthode d'observation ethnologique directe, Michel Strickmann redéfinit les formes du bouddhisme tantrique au confluent du rituel et de l'histoire de l'art, après avoir réuni et traduit des textes peu étudiés et rares sur les pratiques tantriques à travers l'Inde, la Chine, le Tibet et le Japon.