La notion de « bouddhisme populaire », d'usage assez courant dans les études spécialisées, admet bien plus de sens que l'apparente simplicité de son étymologie ne le laisse présager. Qu'elle soit définie explicitement ou pas (ce qui est le plus souvent le cas), cette expression se fonde nécessairement sur une opposition sémantique avec d'autres « formes » du bouddhisme : « savant », « orthodoxe », « monastique », mais aussi « pur », « authentique » entre autres adjectifs récurrents qui renvoient à des distinctions sociologiques, culturelles, historiques ou idéologiques. La valeur heuristique du « bouddhisme populaire » ne réside pas seulement dans ses potentialités descriptives ou typologiques. Elle révèle, en creux, des conceptions particulières du bouddhisme, qui filtrent la perception des réalités (historiques et empiriques) de la vie religieuse dans le bouddhisme. Car, trop nombreux sont ceux à l'ignorer, l'opposition ici traitée a été initialement formulée par les (élites) bouddhistes (asiatiques), avant d'être appropriée par les Occidentaux qui estiment souvent en détenir la paternité.